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Viva la Muerte

Viva la muerte
  • Scénario
    Fernando Arrabal, Claudine Lagrive (d'après l'oeuvre de Fernando Arrabal)
  • Image
    Jean-Marc Ripert
  • Montage
    Laurence Leininger
  • Production
    Isabelle Films, S.A.T.P.E.C.
  • Distribution
    Accatone
  • De
    Fernando Arrabal & Hassen Daldoul
  • Avec
    Anouck Ferjac, Fernando Arrabal, Nuria Espert, Madhi Chaouch, Victor Garcia, Ivan Enriques, Mohamed Bellasoued, Jean-Louis Chassigneux
  • France, Tunisie
    . 1971 . 1h 30 min . 35 mm
  • Déconseillé aux âmes sensibles

La vie d’un adolescent en Espagne à la fin de la guerre civile dont le père, un rouge, a été dénoncé par sa mère.

 


Extraits du livre De Groland au Grand Soir, éditions Capricci (2012)

Emmanuel Burdeau : Le mystère d’Avida est lié pour une part importante à l’influence du surréalisme, depuis la présence au début de Fernando Arrabal, jusqu’à la celle, à la fin, d’un tableau inspiré de Salvador Dalí. Entre les deux, les animaux, la logique du cadavre exquis, l’absence de fil narratif clair, tout cela renvoie encore au surréalisme. Comment vous est venu cet intérêt ?

Benoît Delépine : Ce n’est pas par la culture, mais par les rencontres, qu’on acquiert des choses, Gus et moi. Les artistes qu’on aime, on les a d’abord aimés pour leurs frasques, pour leur être, le fait qu’ils aient l’air différents des autres, délirants, fantaisistes, n’accordant aucune importance au qu’en-dira-t-on. Kaurismäki à la télé, Depardieu à la télé, Brigitte Fontaine à la télé… On a d’abord flashé sur eux en les voyant comme personnes. On s’est seulement intéressés à leur oeuvre par la suite. Aaltra était sélectionné à Telluride, un festival incroyable aux États-Unis, dans une station de sports d’hiver, où des types richissimes transforment une salle de jeux en cinéma. Quelques films de Fernando Arrabal y étaient montrés. On marchait dans la rue, désoeuvrés… On ne comprend pas l’anglais, on est donc allés voir les films d’Arrabal. C’est là qu’on a découvert Viva la muerte. On était quatre dans la salle. Choc dans la gueule. Puis Fernando Arrabal arrive pour répondre aux questions du public…
Gustave Kervern : … et Peter Sellars…
BD : Les deux… Pour nous quatre. On a fait connaissance avec Fernando. Il nous a raconté des histoires avec Breton. Avec…
GK : … Topor.
BD : Topor avait fini par être intronisé chez les surréalistes. Il avait amené Arrabal. Ils étaient tout jeunes tous les deux. Ils ont assisté à une des dernières réunions avec André Breton, qui pontifiait. Breton a dit : « Attends Fernando, je vais aux toilettes. » Fernando a attendu, il n’est jamais revenu. Il se trouve aussi qu’Aaltra avait été sélectionné à Rotterdam. On a connu la ville, on a visité les musées… On est tombés amoureux d’un musée extraordinaire mêlant toiles anciennes et oeuvre d’art contemporain. On y a découvert le film surréaliste extraordinaire de René Clair, Entr’acte (1924). Le film passait en boucle, on est tombés à genoux. Du coup, on a commencé à s’intéresser au surréalisme. C’est là qu’on a vu une toile célèbre de Dalí, dont on imaginait qu’elle faisait quatre mètres sur trois alors qu’elle est minuscule : on dirait presque des pattes de mouche… On était effarés. Cette toile nous a marqués plus que toutes les autres. On a eu envie de faire un film comme un tableau. C’est pour cette raison qu’Avida est en format carré et en noir et blanc : le format carré évoque la peinture, et le noir et blanc emmène tout de suite dans la poésie. Comme on fait confiance au hasard, on a considéré que c’était un hasard bienheureux, et plutôt que de partir sur Brueghel et la montagne, La Tour de Babel (1563), comme on l’avait d’abord prévu, on est partis du côté du surréalisme… J’avais flashé une nuit, à la télé, sur L’Âge d’or (1930), à l’époque de la Sept, je crois. Ce film m’a définitivement marqué. Après ça il ne reste plus qu’à arrêter le cinéma, à la limite.
GK : J’ai dû découvrir L’Âge d’or et Un chien andalou (1929) après.

 

EB : Le surréalisme et Dalí sont peu aimés, aujourd’hui : on les considère volontiers, surtout en France, comme des objets désuets ou des pièces d’antiquité.
BD : Le surréalisme a été récupéré, il est devenu un mythe, mais les surréalistes étaient des branques, des mecs qui s’amusaient au café, qui n’avaient pas de pognon, qui faisaient des happenings… Ils n’étaient pas spécialement reconnus… Ils ont réussi à être à l’origine de choses très intéressantes, à libérer les esprits. C’est aussi pour cette raison qu’on se reconnaît en eux, comme on se reconnaît dans les artistes bruts.
GK : Au moment d’Avida, j’avais acheté un bouquin énorme sur Dalí. Ça vaut le coup de se replonger dans sa vie, l’explication des tableaux, la bouteille de Coca… Je n’admirais pas tellement sa peinture jusque-là, je ne connaissais pas le tiers de ses tableaux, mais j’ai changé d’avis quand j’ai lu tout et tout revu. Il faut retracer sa vie pour comprendre les toiles. Ses tableaux sont magnifiques, son imaginaire visionnaire.
BD : J’ai lu son Journal d’un génie. Hallucinant, fou, extraordinaire. Dalí était un personnage. Il faut des personnages. Le punk vient aussi de là, de la fantaisie dingue d’un producteur, Malcolm McLaren. On sent que Dalí était à la charnière de ce qu’est devenu l’art contemporain. Lui, plutôt que Picasso, à la limite. L’art contemporain a succédé à un art figuratif. Tout cela était présent dans les toiles de Dalí. Il était à la charnière, entre le mystère et l’idée, entre le charnel et l’intellectuel. Ce n’est pas forcément très réussi. Ses tableaux ont souvent formé les prémices d’un hyperréalisme un peu kitsch. Mais pas seulement.

 

 

 

It tells the story of a teenager in Spain, who, at the end of the civil war, sees his communist father denounced by his mother.

 

Traduction réalisée par les étudiants de l'IUT Infocom de la Roche-sur-Yon
Ce film fait partie de la programmation 2012 du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon.