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Sharqiya

Première Mondiale
Sharqiya
  • Scénario
    Guy Ofran
  • Image
    Boaz Yehonathan Ya’acov
  • Montage
    Zohar Sela
  • Production
    Z Films, Golden Cinéma, Laïla Films, Detail Film
  • Distribution
    ASC Distribution
  • De
    Ami Livne
  • Avec
    Adnan Abu Wadi, Maysa Abed Alhadi, Adnan Abu Muhareb, Eli Menashe
  • Israël
    . 2012 . 1h 22 min . Digibéta

 

La puissance de Sharqiya procède de plusieurs inversions. Kamel est Bédouin. Il habite avec sa belle-sœur et son frère un village non-autorisé dans le désert, au sud d’Israël. A peine un village : quelques frêles baraques en tôle meublées de bric et de broc, d’objets trouvés, de récup’. Peu de chose, que les autorités s’apprêtent pourtant à détruire, et qu’il faudra ensuite reconstruire, comme si rien n’avait eu lieu, en attendant la prochaine destruction. C’est la première inversion : filmer l’exil, l’expropriation, le travail aveugle des pelleteuses, non pas en Palestine, mais bien en Israël. Deuxième inversion : l’homme qui ne peut rien garder est préposé à garder les autres. Kamel est vigile. Lui dont la vie est la précarité même a en charge la sécurité d’une gare routière. La troisième inversion est la plus frappante. Kamel a une idée : il ne la dit pas, mais le spectateur en suit précisément le trajet à ses gestes, ses regards... Son idée : placer une bombe dans la gare. Se donner comme celui qui l’a découverte. Poser au héros devant les caméras. Profiter des micros tendus pour attirer l’attention nationale sur son sort. Empêcher ainsi la destruction de son logis. Le plan est intelligent. Il va fonctionner. De bout en bout ? Presque. Kamel aura son quart d’heure de gloire, mais celui-ci n’aura aucune incidence sur la décision des autorités. Tout reste donc à faire, à recommencer. Comment mieux suggérer le désarroi d’Israël qu’en superposant sur un même visage les trois figures de l’exproprié, du terroriste et du policier ? Comment dire mieux l’aberration et l’impuissance ? Ami Livne ne parle ici que d’Israël. Ne serait-ce pas aussi juste, pourtant, d’avancer qu’il ne parle que de la Palestine ? Sharqiya est un film calme, posé, d’autant plus terrible : un western du désespoir contemporain.

 

Emmanuel Burdeau.

Sharqiya's power comes from several inversions. Kamel is a Bedouin. He lives with his sister-in-law and his brother in an unauthorised village set up in the desert of southern Israel. It's barely a village, just several sheet-metal shacks furnished with knick knack, found objects, and salvaged material. These huts are invaluable things that the authorities are about to level, however, and that the inhabitants will have to build again, as though nothing had occurred, waiting for the next destruction. This is the first inversion that aims to show exile, expropriation, and the blind labour of diggers, not in Palestine but in Israel. Then comes the second inversion, the man is required to keep watch over the others. Kamel is a guard. He, whose life is utter misery, is in charge of the bus station security. The third inversion is the most striking. Kamel has an idea. He doesn't voice it, but the audience follows precisely its course with his gestures and his looks. His idea is to plant a bomb in a station. To give himself like the one who found it, to act as a hero in front of the camera. To take advantage of the held-out microphones in order to arouse national interest on his fate. And therefore to prevent his dwelling from being levelled. The plan is good. It has got to work. It turns out that it won’t work all the way though. Kamel will have his fifteen minutes of fame, but that will not impact the decision of the authorities. So, everything remains to be done, to be done again. How better to suggest the disarray of Israel than by superimposing on the same face the three figures of the expropriated, the terrorist and the policeman? How better to denounce absurdity and impotence? Here, Ami Livne deals with Israel only. And yet, he’s arguably dealing with Palestine too. Sharqiya is a calm and composed film, which makes it all the more appalling, like a western of today’s despair.

Traduction réalisée par les étudiants de l'IUT Infocom de la Roche-sur-Yon
Ce film fait partie de la programmation 2012 du Festival International du Film de La Roche-sur-Yon.